Radikal raconte le destin tragique d’un jeune Indonésien, DJ toxicomane dans une boîte techno, qui glisse de la drogue vers le jihad

Éditions Gope, 13 x 19 cm, 252 pages, ISBN 979-10-91328-47-0, 18.85 €

mercredi 24 octobre 2018

Radikal d’Olivier Castaignède : sur les platines d’une génération

C’est d’un premier roman, encore une fois, dont Lettres it be va vous parler aujourd’hui. Un premier roman qui n’a pas fait de vagues pour l’instant au beau milieu d’une rentrée littéraire […] marquée justement du sceau des premiers écrits. Mais un premier roman résolument marquant, qui en fait un livre à ne pas rater : Radikal d’Olivier Castaignède à découvrir aux éditions Gope. On vous dit tout dans les lignes qui suivent !

[…]

Article original


# L’avis de Lettres it be

Dans ce roman qui respire le vécu personnel de son auteur, Olivier Castaignède nous raconte le quotidien de Hendro, alias Radikal, le héros éponyme de ces quelque 246 pages. Un quotidien bercé entre les soirées les plus folles de Jakarta où officie notre Hendro comme DJ, et les questionnements les plus profonds. Drogues, sexe à outrance, abandon de soi… Existe-t-il encore une porte, un salut au beau milieu de cette déchéance fluorescente ? Et si le don de soi ultime était cette porte, cette dernière porte à ouvrir ?

Au-delà de l’immersion dans les nuits de Jakarta au côté de l’un de ses DJs les plus réputés, force est de constater que Radikal va plus loin, et repousse les limites de la simplicité. D’une première partie faite de beats, de drogues dures et douces et de sexe, l’auteur nous mène doucement mais surement vers une seconde moitié bien plus poussée, articulée autour de l’idée de religion, de libération autant physique que spirituelle. Une religion qui fait ici office de réponse à toute une jeune génération perdue, en quête d’elle-même, prête à tout. Et quel tableau d’une frange de réalité que nous connaissons bien…

Mêlant plusieurs thématiques majeures sans coup férir, Olivier Castaignède propose avec Radikal un roman brillant parce que dur, parce que parlant sous tous ses angles. L’auteur ne prend jamais le risque de mélanger inutilement les idées, les personnes ou les situations. L’essentiel est là, et bien là. Entre djihadisme indonésien rampant et surréalisme des nuits agitées à la vitesse des platines, ce livre frappe fort et surprend, jusqu’au bout. Une (très) heureuse découverte.

mardi 23 janvier 2018

Commentaires de lecteurs sur Amazon

Radikal est aussi en vente sur Amazon et, parmi les premières personnes qui l’ont lu, certaines ont été suffisamment gentilles pour laisser un commentaire :


Page Amazon de Radikal


«Très bon roman.
Ce premier roman d’Olivier Castaignède nous embarque vite et loin, dans le destin d’un jeune Indonésien en pleine crise d’identité, partagé entre les nuits tumultueuses de Jakarta et la tentation d’une radicalisation islamique.

Dans un style très fluide, le récit suit le rythme effréné de la quête de Hendro : nous le suivons pas à pas, plongés avec lui à la fois dans sa vie de DJ, avec ses excès, sa musique, mais aussi dans ses doutes, ses angoisses et les sentiments qui vont le pousser peu à peu vers l’irrémédiable.

En pleine quête de vérité sur ses origines, Hendro est un être en souffrance, déchiré par des migraines que seules d’autres douleurs peuvent apaiser. Dès lors, son destin n’est qu’une course, n’est qu’une fuite : comment éviter ce mal-être, cette angoisse qui le poursuit ? L’amour, bien sûr, pourrait être un salut mais il apporte aussi son lot de secrets, de non-dits et de malentendus : son amie Jasmine n’est-elle pas aussi à la recherche de sa propre identité ? Comment ne pas mentir quand on cherche à protéger l’autre ? Comment se construire sans repère, avec un secret de famille qui ne cesse de vous harceler ? La musique et la drogue sont des échappatoires, et les descriptions au long du récit montrent bien ces transes qui, l’espace de quelques minutes, répondent à ce besoin de se fondre dans un son ou un oubli de soi. Pour le lecteur qui les connaît, les références musicales créent une ambiance supplémentaire au récit, comme une bande-son qui accompagnerait la lecture.

Happés par le rythme d’une écriture rapide, qui nous tient en haleine tout au long du roman, nous sommes également immergés dans Jakarta, ville immense, bruyante et complexe : tel un personnage à part entière, elle révèle aussi ses paradoxes entre tradition et modernité. Comme Hendro, elle est la proie d’une radicalisation qui est d’autant plus redoutable qu’elle apparaît au premier abord civilisée. Grâce à de très belles descriptions des lieux et des atmosphères, l’écriture nous plonge dans les méandres de la ville et rend palpables sa moiteur et ses contradictions.

Les personnages, malgré leurs vies parfois si éloignées des nôtres, nous semblent familiers : le lecteur ne peut que s’attacher à Hendro, qui dans son mal-être et sa quête de soi, ses fragilités et ses audaces, est finalement proche des thèmes classiques de la littérature ; sa recherche de vérité le pousse à creuser ses origines dans une quête quasi œdipienne, et ses faiblesses en font un anti-héros très contemporain. Les personnages secondaires, perçus sous le regard du personnage principal, sont esquissés de façon efficace : quelques traits, quelques détails suffisent à traduire leur caractère et leur rapport au personnage principal. Leur universalité n’en est que plus visible.

La construction du roman nous fait évoluer pas à pas dans la progression du personnage : si le récit est très linéaire, il permet aussi de créer une tension et une intimité avec le personnage qui découvre en même temps que le lecteur son secret de famille. Bien documenté, le récit emmène son lecteur dans la fuite de Hendro dans la radicalisation, et dans les différents paysages de son initiation, de l’Indonésie à la Syrie. Roman dense et haletant, Radikal est le portrait d’une quête douloureuse ; son personnage principal, Hendro, fragile et torturé, ballotté entre deux modèles extrêmes, à la recherche d’une impossible rédemption, est le frère humain de bien d’entre nous.

L’auteur propose dans ce roman une invitation dans un imaginaire riche de cultures et d’expériences, mais qui pose aussi des questions sur notre société : à travers le point de vue d’un jeune Indonésien musulman, nous pouvons aborder un regard différent sur les tentations que représentent la radicalisation et l’engagement vers Daech face à une modernité désœuvrée.

Au-delà du personnage principal, Radikal est ainsi aussi le portait d’une société en quête de sens : avec de multiples références sociales et politiques, le récit porte un regard aigu sur les travers et les faiblesses d’une société qui ne sait plus comment concilier ses valeurs traditionnelles et les excès d’une trop rapide modernité.

Premier roman riche et captivant, Radikal marque les débuts très prometteurs de son auteur. » Christine VT



« Haletant !
Radikal, c’est d’abord une couleur : le noir. L’obscurité des nuits de Jakarta, l’obscurité d’un labyrinthe familial. L’obscurité d’un destin. Peu étonnant alors qu’on lise ce livre, un véritable page turner comme on dit, d’une traite, comme on plonge dans l’inconnu. En s’appuyant sur une réalité tragique, le nombre de candidats au djihad venus d’Indonésie, l’auteur dresse le portrait saisissant d’un garçon de son temps qui en perdant le fil de sa vie va être victime de la pire des propagandes. On est happé par ce thriller aussi politique que psychologique, impeccablement documenté, servi par une écriture soignée. A lire ! » Emmanuel Clerc



« Superbe.
Un roman très rythmé et étonnant de vérité sur un sujet qui nous préoccupe tous. La force de l’écriture nous plonge avec candeur dans l’intrigue d’un film dramatique. » ARNAUD MEJANE



« Super bouquin !
Un premier roman vraiment abouti, avec un style très efficace, j’ai adoré. Je le conseille à tous ceux qui connaissent l’Indonésie, ou qui veulent la découvrir. » jcble



« Une histoire complexe dirigée avec brio !
Un roman intense sur un sujet brûlant qui ne vous laissera pas indifférent. Au cœur de l’actualité, à lire de toute urgence. » Cedric Baudouin



« À lire !
J’ai vraiment aimé ce roman et pris beaucoup de plaisir à le lire. Grâce à une intrigue très bien ficelée et documentée, il y a du suspens jusqu’à la fin. J’ai également apprécié cette immersion dans le monde de la nuit de Jakarta. Je recommande vivement ce livre ! » Benoit Baufine-Ducocq



« Excellent !
Un premier roman très abouti : la lente et profonde dérive vers le terrorisme d’un jeune DJ ,très attachant, complètement déstabilisé par la révélation d’un secret de famille.
Un suspens qui vous tient en haleine jusqu’au final !
A lire absolument ! » Nickie



« A lire absolument.
J’ai adoré ce livre !
La descente aux enfers d’un jeune prodige des platines… ou comment les non-dits, les secrets de famille sont destructeurs…
Cerise sur le gâteau, c’est un roman très bien documenté sur Jakarta, sur la musique, sur l’islam... On referme ce livre à regret. » KANY



« Remarquable !
Olivier Castaignède nous entraîne à marche forcée dans l’univers noir et destructeur de la vie nocturne de Jakarta. Il décrit avec rigueur et sans complaisance la radicalité comme mode de vie, ainsi que les procédés pervers de récupération d’existences à la dérive. Radikal se dévore comme un thriller et a l’impact d’un essai sociologique remarquablement documenté. » FREDERIC LAMBERT

mercredi 20 décembre 2017

Critiques sur Babelio

Article original
2017gg
3.5/5★
Un thème d’actualité traité de manière originale et intelligente... à partir de personnages consistants et une intrigue où le suspens est maintenu jusqu’à la dernière ligne. Un roman qui se lit d’une traite, une invitation au voyage, à la rencontre de soi-même à travers l’autre et à la réflexion sur les interactions entre civilisations.

jserry
Un roman d’un style si abouti que l’on douterait presque qu’il soit le premier ! et pourtant…
Le sujet interpelle, le rythme est envoûtant, l’intrigue et le voyage sont passionnants.
Un livre que je recommande largement autour de moi. Bravo !


JulienSG
5/5★
Très bien documenté, Radikal décrit avec réalisme une facette souvent méconnue de Jakarta. En suivant un héros tourmenté dans la grouillante agglomération indonésienne, nous découvrons un monde nocturne de l’excès qui vit au beau milieu des mosquées au temps de Daesh. Les tensions et dilemmes engendrés par cette cohabitation contre nature sont captivants et très actuels.


zblib
5/5★
J’ai littéralement dévoré ce premier roman d’Olivier Castaignede. Il parvient à nous faire rentrer dans les tourments du personnage de manière puissante. C’est dur, hyper direct mais aussi très sensible. Les nombreuses références musicales, sociales ou géopolitiques sont brillamment disposées tout au long du récit. Il y a aussi une belle dose de mystère, entretenu jusqu’au dénouement ce qui rend la lecture d’autant plus excitante. J’espère que l’auteur ne s’arrêtera pas là !


indy45
4/5★
Un premier roman très abouti, je l’ai lu pratiquement d’une seule traite. le style est fluide, les événements s’enchaînent sans temps mort et je trouve la fin très réussie... mais je ne la dévoilerai pas ici !!! On ne s’ennuie pas une seconde.
Le roman est bien documenté, en particulier il y a de nombreuses références musicales (EBM, musique électronique). Bref, j’ai adoré et j’ai déjà recommandé ce livre à plusieurs de mes amis !


MLparisingapour
4.5/5★
Je viens de dévorer ce livre : pour un premier livre c’est une belle réussite ! Bravo Olivier Castaignède d’avoir si bien décrit l’univers glauque et excessif des nuits de Jakarta tout en nous entrainant dans les contradictions des protagonistes et du pays. On s’attache énormément au personnage principal, on ne le lâche pas dans sa quête personnelle de rédemption. L’univers du djihad est fort bien évoqué, entre les aspirants djihadistes à la recherche de certitudes et les recruteurs usant de duplicité pour arriver à leurs fins. Auteur à suivre.


thegoodgirl
3.5/5★
Radikal est une agréable surprise car, malgré le sujet difficile, j’ai passé un moment de lecture intense et happant.

J’étais tentée d’en savoir plus sur la radicalisation et sur l’Indonésie, pays contrasté et pas si bien connu.

L’auteur nous embarque avec brio dans la vie de Hendro, jeune DJ qui partage son temps entre la musique, les drogues et sa petite amie. Sa faille, c’est un secret de famille entourant sa naissance et son enfance, qui ne va cesser de le tourmenter jusqu’à la dérive.

Olivier Castaignède propose un premier roman réussi, avec un récit fluide et maîtrisé. Impossible de lâcher cette histoire, j’étais impatiente de connaître la suite, suspendue à Hendro. L’univers de la nuit et du tourisme sexuel donne le vertige et ajoute du mystère à l’ambiance du roman.

Hendro est un héros attachant et même si l’histoire est sombre je ne pouvais rester indifférente à son destin. Ce fut aussi la découverte d’un pays et d’une ville, Jakarta.

Vraiment, je le conseille à ceux que le sujet intéresse.


Tinosan
5/5★
Passionné par l’Asie, je me tiens régulièrement au courant des dernières éditions de Gope.
Une fois encore, c’est parfait !

On est bousculé dans nos convictions sur la drogue, le sexe, la jeunesse, le terrorisme...
C’est bien écrit, vraiment bien documenté ; j’ai retrouvé toute l’énergie de Jakarta la nuit et son calme apparent le jour.

Vivement le prochain roman !


pdupaty
5/5 ★
Le protagoniste, Hendro, a pour pseudo DJ Radikal et est considéré comme l’un des meilleurs d’Indonésie. La boite où il mixe est l’une des plus importantes de Jakarta. Il a une liaison avec Jasmine, une serveuse transsexuelle de la discothèque. Les drogues y circulent librement et il ne se prive pas. Les mineurs y rentrent sans contrôle, pour le plus grand plaisir de certains touristes européens. Dans le pays musulman le plus peuplé du monde, la boite devient donc une cible de milices islamistes.

Suite à une révélation sur le passé de sa mère, Hendro, qui prenait de la drogue occasionnellement et avec une consommation à peu près modérée, avait des relations sexuelles pas très hallal et une pratique religieuse très approximative, va basculer. Sa consommation de drogue va augmenter parallèlement à son mal-être et, après avoir rencontré un imam et quelques membres d’un groupe islamiste, va basculer dans l’islam radical.

J’ai adoré ce livre. Très noir, il montre tous les paradoxes et les tensions d’une société indonésienne tiraillée entre modernité et islam, entre pratique religieuse, drogues, tourisme sexuel, matérialisme contemporain... C’est aussi la descente aux enfers d’un mec pas méchant pour un sou et plutôt tolérant (voire très tolérant en matière de pratiques sexuelles) qui, suite à un drame, se fait manipuler et bascule dans le djihadisme.

Rien de très joyeux, donc, mais très bien écrit. L’auteur a en plus une bonne culture musicale (je n’aime pas la techno ou les musiques électroniques en général, mais on sent qu’il s’y connait bien et, en tant qu’amateur de musique, c’est une chose que j’apprécie) et fait une bonne description d’un pays dans lequel il vit depuis plusieurs années. A recommander à tout amateur de roman noir bien corsé !

Et un grand merci au passage à Babelio et aux opérations masse critique pour cette belle découverte !


clementineSG
5/5 ★
« RADIKAL » est le titre d’un premier roman et également celui du personnage principal, DJ de Jakarta qui oscille entre mal-être, drogue, fête, modernité et tradition.

Ce 1er roman s’inscrit pleinement dans l’actualité et nos questionnements sur cette jeunesse, pas forcément marginalisée mais assurément fragile qui glisse vers l’horreur.

En parallèle, la ville de Jakarta est traitée comme un personnage et son ambivalence et son foisonnement sont admirablement décrits.

J’ai beaucoup aimé malgré un thème dur. Je le conseille !


Marilynegeisler
5/5 ★
Un esprit à la Houellebecq... Ce roman dérange, bouscule et captive ! Formidable ! Du talent et des promesses pour ce nouvel écrivain ! On en redemande !

Article original


lundi 13 novembre 2017

Une boucle infernale dont on ne peut plus sortir

Article original sur le blog de Hedwidge


Un roman surprenant et bouleversant.

Moi qui avait l’habitude des romans fantastiques ou remplis de romances, l’auteur m’a fait découvrir un monde nouveau et inédit.  Ce livre a refait ma vision d’un bon nombre de choses, a commencé par la dignité humaine. J’ai été choquée par le côté sombre du livre qui nous entraîne dans un rythme infernal au son de la musique de la boîte d’Hendro. On suit toutes les dimensions de sa vie, et on découvre à la fois les plaisirs et les horreurs de la drogue, du matérialisme contemporain, de la religion, du tourisme sexuel ; comme si on le vivait vraiment.

Hendro est le personnage principal de cette histoire. On suit sa descente sans se rendre compte dans qu’elle voie on se dirige. On ne fait que suivre. Parce qu’on ne peut plus décrocher. Parce qu’on s’accroche aux pages. Il nous fait entrer dans un enfer où le temps est bloqué dans une boucle infernale dont on ne peut plus sortir. Et vous sombrez avec lui.

Le seul défaut à noter serait la plume de l’auteur, que j’ai parfois trouvé trop franche et dure. C’est ce qui fait, évidemment, le pouvoir de ce livre et de cette histoire, et la plume se doit d’être dure. Mais j’ai été relativement choquée par certaines formulations et je le déconseille aux pré-adolescents et aux « âmes sensibles ».

L’horreur de ce livre en fait sa vraie beauté. Vous ne vous relèverez pas quand vous le terminerez. Une fois commencé, vous ne pourrez plus vous arrêter. 

« Et s’il était tué au combat, si tel était son destin, il se rendrait plus utile dans sa mort qu’il l’avait jamais été dans la vie. »

Hedwidge
Note : 3 / 5


mardi 10 octobre 2017

Olivier Castaignède, Naissance d’un auteur

Article original


Radikal, le premier roman d’Olivier Castaignède qui vit à Singapour depuis 17 ans, vient de paraitre aux éditions GOPE. Radikal est à la fois le titre du roman et celui de son personnage principal : un DJ de Jakarta qui oscille entre mal-être, drogues, et musique électronique, entre modernité et tradition. Ecrit au moment des attentats qui ont ensanglanté Paris, ce 1er roman s’inscrit pleinement dans l’actualité et nos questionnements sur cette jeunesse, pas forcément marginalisée mais assurément fragile qui glisse vers l’horreur. 

Olivier aborde sa nouvelle vie d’auteur avec frénésie et enthousiasme et alors qu’il met la dernière main à son second roman, il a accepté de décrypter avec nous le parcours d’un manuscrit, de l’écriture à sa sortie en librairie. Rencontre avec un auteur qui oscille entre passion et méthode et qui a osé, un jour, suivre son rêve.

Olivier Castaignède, 2017

www.lepetitjournal.com/singapour : Pouvez-vous résumer votre parcours jusqu’à Singapour ?

Olivier Castaignède : Avant de sauter le pas et de me lancer dans l’écriture, j’ai eu une « première vie » professionnelle. Je suis ingénieur de formation, diplômé de l’X et de télécoms Paris. J’ai commencé ma carrière au ministère de la Recherche à Paris. Mais j’avais envie d’aventure, de partir à l’étranger. J’étais fasciné à l’époque par l’Amérique Latine, et je devais prendre un poste à Rio – j’ai même appris le portugais. Et puis, finalement, ma destination a été Singapour…

Je suis donc arrivé ici en 2000, comme conseiller commercial en ambassade où je suis resté 4 ans. En 2002, j’ai rencontré ma future femme, singapourienne et j’ai décidé de prolonger mon séjour ; En 2005, après un MBA à l’INSEAD, j’ai basculé dans le secteur privé. Pendant 10 ans j’ai travaillé dans le domaine de la carte à puce dans trois sociétés différentes, exerçant des fonctions aussi diverses que la stratégie, le business planning ou les ventes.


A quel moment avez-vous eu l’envie de vous consacrer à l’écriture d’un roman ?

En fait, l’écriture et la littérature ont toujours fait partie de ma vie. J’avais même écrit un « roman » à 9 ans, inspiré par les livres de la Bibliothèque verte. Mon premier grand choc littéraire fut vraiment le Désert des Tartares de Dino Buzzati en classe de 4e. J’ai ensuite tout dévoré de cet auteur et j’ai même appris l’italien pour me rapprocher plus encore du texte. En 1991, j’ai eu un prix au concours général de composition française et à 18 ans, j’ai commencé à écrire de la fiction mais le résultat ne me plaisait pas du tout. J’en ai conclu que j’aimais la littérature mais que je n’arriverais jamais à écrire et j’ai continué mes études scientifiques.

Je crois qu’il y a un mythe en France, qui n’existe pas dans la culture anglo-saxonne : celui du « génie littéraire »


Comment arrive-t-on à surmonter son appréhension de l’écriture pour enfin se lancer et achever son 1er roman plusieurs années après ?

Je n’ai rien écrit pendant 20 ans. Et puis, début 2015, je suis tombé sur des livres en anglais pour apprendre à écrire un roman – notamment un ouvrage didactique du romancier américain, Lawrence Bloch Writing the Novel, from Plot to Print. Et cela a été le déclic pour me relancer. Je crois qu’il y a un mythe en France, qui n’existe pas dans la culture anglo-saxonne : celui du « génie littéraire ». Probablement parce que cela fait rêver. Finalement, croire au génie, c’est un peu comme croire en Dieu... Ce que m’ont montré ces méthodes, c’est que pour écrire un roman, il y a d’abord une intrigue à mettre en place, des personnages à construire et qu’il est contreproductif de se focaliser au départ sur le style, comme le font la plupart des auteurs en herbe. Si vous écrivez votre 1er chapitre en n’ayant qu’une vague idée de la suite, automatiquement en progressant, vous allez revenir en arrière et devoir réécrire. En général, les auteurs débutants peaufinent leurs dix premières pages jusqu’à les rendre parfaites et quand ils réalisent, en s’attaquant au deuxième chapitre, qu’il va falloir tout reprendre à zéro, ils se découragent. Et c’est aussi ce que je faisais. En fait, pour écrire un roman, il faut écrire un premier jet sans trop fignoler le style et ensuite retravailler son intrigue et ses personnages. En plus, si on perfectionne trop son écriture dans les premiers jets, on aura tendance à vouloir garder des passages « bien écrits » mais qui ne sont plus dans la logique d’un personnage. Alors que sans intrigue cohérente, sans fil narratif fort, quelle que soit la beauté du style de l’auteur, la plupart des lecteurs s’arrêtent de lire au bout de quelques pages. Enfin, les éditeurs n’ont plus le temps de retravailler une histoire mal ficelée, surtout lorsqu’elle leur vient d’un auteur inconnu.

On m’a parfois fait l’objection que Maupassant ou Balzac, ont appris à écrire tout seuls, sans avoir accès à toutes ces méthodes contemporaines qui enseignent la fiction ses tours de magie. Mais c’est faux, car à l’époque, il y avait des salons ou des clubs littéraires et un jeune auteur était suivi par un écrivain plus expérimenté, un mentor qui lui transmettait son savoir et lui prodiguait des conseils.

Le mal n’est pas monolithique. Il n’est pas le fait de « monstres » mais de gens terriblement humains et c’est cette humanité que Radikal tente de retranscrire au travers du destin tragique de Hendro


Au delà de cette méthode d’écriture, comment est venue l’idée du roman assez sombre de Radikal ?

M’étant moi-même converti à l’islam en épousant ma femme en 2005, je ne cesse de m’interroger depuis des années sur les origines du terrorisme islamiste : comment la religion en vient-elle à devenir le véhicule de la haine sans en être l’origine ? Je me suis notamment intéressé au concept d’islamisation de la radicalité de l’universitaire français Olivier Roy, spécialiste de l’islam. L’idée du roman m’est venue en janvier 2015 en lisant un article – que je ne retrouve plus ! – sur l’immolation d’un militaire jordanien par les soldats de DAESH : l’un des bourreaux était, semble-t-il, d’origine indonésienne. Ayant toujours été fasciné par l’Indonésie et la formidable hospitalité de ses habitants, je me suis demandé comment ce jeune homme avait pu en arriver à une telle barbarie. J’ai imaginé le parcours, complètement fictif, d’un jeune de Jakarta et ses dérives radicales.

Le roman, territoire où selon Milan Kundera, « le jugement moral est suspendu » est, à mon sens, un lieu privilégié pour comprendre comment la trajectoire individuelle vient nourrir le processus de radicalisation. Le mal n’est pas monolithique. Il n’est pas le fait de « monstres » mais de gens terriblement humains et c’est cette humanité que Radikal tente de retranscrire au travers du destin tragique de Hendro. En filigrane, j’ai aussi voulu montrer comment la révolte de la jeunesse pouvait être instrumentalisée par des organisations terroristes qui répondent à ce besoin de violence.


Comment avez-vous réussi à vous faire éditer avec un tel sujet pour un premier roman ?

Cela a été le parcours du combattant… J’ai essuyé une quinzaine de refus avant et puis, finalement, les éditions GOPE, maison d’édition indépendante qui a vocation à faire découvrir l’Asie du Sud-Est par le livre, ont été enthousiasmées par mon texte. De fait, la ville de Jakarta est au cœur de Radikal. C’est l’une des villes les plus folles que j’ai connues. Une ville attachante, mystérieuse, troublante, qui peut aller très loin dans l’excès. Au delà du thème des origines de la radicalité, du jihad, ce livre s’adresse donc également aux personnes qui s’intéressent à l’Indonésie contemporaine.

[…]

Clémentine de Beaupuy, octobre 2017
www.lepetitjournal.com/singapour

Genèse de Radikal

L’idée du roman est venue à Olivier Castaignède en lisant dans la presse que l’un des bourreaux de Daech ayant participé à l’exécution du pilote jordanien (mort brulé vif en janvier 2015) était d’origine indonésienne. Il a alors voulu imaginer comment ce jeune homme avait pu en arriver à commettre un crime aussi barbare.



Après de premiers essais déprimants d’écriture vers l’âge de 16-18 ans, Olivier Castaignède avait complètement abandonné l’idée de devenir un jour écrivain – tout en continuant à lire avec passion, de Milan Kundera à Dino Buzzati, de Jo Nesbo à Jonathan Franzen. Le déclic a été la lecture fortuite de l’ouvrage didactique du romancier américain, Lawrence Bloch Writing the novel, from plot to print. Il a alors compris que la fiction était une forme de magie et que pour espérer devenir magicien, il était bon de commencer par apprendre quelques tours. En France, l’on pense communément que l’écriture est un don du Ciel, alors que dans les pays anglophones, l’on sait que c’est d’abord et surtout du travail et de la technique.

À raison de six heures par jour en moyenne, il a écrit Radikal sur une période d’un an. Plusieurs personnes, dont ses parents, ont relu une version préliminaire du roman et en s’appuyant sur leurs commentaires, il a pu améliorer aussi bien la solidité de l’intrigue que la fluidité du texte. Au total, sept versions successives ont été écrites avant la recherche d’un éditeur.

Pourquoi ce roman ?

Pour les éditions Gope, cet ouvrage est le 2e d’une série indonésienne commencée avec En route pour l’Indonésie.

L’auteur, quant à lui, ne cesse de s’interroger depuis des années sur les origines du terrorisme islamiste : comment la religion en vient-elle à devenir le véhicule de la haine sans en être l’origine ? Radikal tente d’explorer le lien entre radicalité et terrorisme. Il fait notamment référence au concept d’islamisation de la radicalité de l’universitaire Olivier Roy, spécialiste de l’islam.

Headaches


Le roman, territoire où, selon Milan Kundera, « le jugement moral est suspendu » est, au sens d’Olivier Castaignède, un lieu privilégié pour comprendre comment la trajectoire individuelle vient nourrir le processus de radicalisation. 
De fait, le besoin de violence qu’expriment certains jeunes ici ou ailleurs n’est pas le fruit du hasard. Sans l’excuser, il est important d’en comprendre les ressorts, qu’ils soient d’ordre individuels, sociaux, culturels ou religieux. Le mal n’est pas monolithique. Il n’est pas le fait de « monstres », mais de gens terriblement humains et c’est cette humanité que Radikal cherche à retranscrire au travers du destin tragique de Hendro.

Radikal tente aussi de montrer comment les organisations terroristes s’approprient et exploitent la révolte intérieure d’une certaine jeunesse à la dérive.